4ème jour : de Giritale à Giritale
en passant par Sigirya et Polonnaruwa

millésime 2004, écrit par Macsou
Quête de l'Oulibouniche, Sri-Lanka Ajoutez un commentaire

DIMANCHE : Les yeux rivés sur la carte, nous allions restreindre notre périmètre de recherche et effectuer une petite boucle dans cette région centrale. Nul doute que dans ce berceau de la civilisation sri-lankaise, la quête d’indices sur l’Oulibouniche serait fructueuse. Les deux grands sites de Sigirya (rocher du lion) et de Polonnaruwa, sans oublier la réserve animalière de Kaudulla recelaient des informations qui, à n’en point douter, ne pouvaient pas nous décevoir.

Chargé d’histoires, dont celles liées à de nombreux combats sanglants et à un terrible parricide qui lui collèrent à la roche jusqu’à l’anéantir, le rocher du lion qui s’esquissait maintenant devant nous, à travers de magnifiques jardins et plans d’eau, constituait un lieu de culture extraordinaire où notre Oulibouniche était forcément passé et probablement, mais là c’était moins sûr, rôdait encore. Mais à que cela ne tienne, nous étions là pour nous en assurer.
Et à n’en point douter, un élément de réponse se trouvait forcément au sommet du rocher, tapi dans les ruines de l’ancien palais… 90 mètres plus haut. Aussi, n’écoutant que notre courage qui en cet instant ne nous disait pourtant pas grand-chose, nous partîmes sans faillir à l’assaut des centaines de marches qui menaient au sommet. Que n’étions-nous pas prêts à faire pour résoudre l’énigme de l’Oulibouniche dont une partie se dissimulait probablement de la peinture des Demoiselles ! Fresque de plus de 1.500 ans magnifiquement conservée.
Dernière étape avant le sommet. Udith, notre guide, nous laissa entre les pattes du lion en nous octroyant généreusement trois quart d’heure pour parachever notre quête.
Battues par les vents, les ruines de l’ancien palais nous offrirent un panorama grandiose sur la région. Et il faut bien le reconnaître, cette vision nous en apprit plus, sur l’esprit de stratège du roi de l’époque et sur sa paranoïa naissante, que bien des livres. En revanche, nous fîmes chou blanc sur l’Oulibouniche.
La descente fut donc plutôt rapide, jusqu’à notre rencontre avec un varan : improbable croisement entre l’Oulibouniche et le lézard. Mais tout même, peut-être tenions-nous enfin un indice ?

Autre lieu, autre technique ; cette fois nous avions décidé de nous fondre dans la foule et d’imiter les cinghalais qui, accompagnés de leur guide spirituel, suivaient pas à pas les bonzes qui se rendaient sur ce lieu de pèlerinage. Notre guide tout aussi spirituel, mais dans des registres qui nous étaient plus familiers, avait décidé de nous faire visiter ces ruines à vélo. Des VTT, pour les « Vrais Touristes Tranquilles » que nous étions avant d’être confrontés à la circulation automobile qui allait nous prendre pour cible mouvante et nous envoyer mordre la poussière des bas côté. Mais ceci est une autre histoire comme disait Kipling.
En attendant notre parcours croissait, systématiquement celui du bonze et de sa petite troupe de fidèle. Il faut avouer que l’endroit s’y prêtait. Car, outre les marchands du temple auxquels il était difficile d’échapper, l’histoire était au rendez-vous. Celle de notre Oulibouniche qui nous occupait tous et celle, plus prosaïque du site avec ses temples dont celui à base carré (symbole hindouiste), son stupa, et ses nombreux édifices dans lesquels nous nous égayâmes, telle une volée de moineaux avides de culture, essayant, tant bien que mal, de retrouver les divers éléments que nous avions entrevus dans le musée qui précéda nos travaux pratiques sur le terrain. À nous maintenant la reconnaissance de la demi-lune et ses symboles, les retrouvailles avec le fameux bas-relief dont on avait déjà oublié l’histoire mais dont l’image encore bien présente au fond de notre rétine nous rappelait, s’il en était besoin, notre inculture bouddhique et pire encore, oulibounichetique. D’ailleurs, y avait-il trace de notre Oulibouniche dans tout cela ?
Probablement, mais il était encore trop tôt pour faire le lien. C’est en tout cas ce que nous voulions croire afin de ne pas nous décourager devant l’ampleur de la tâche qui nous apparaissait maintenant plus clairement de jour en jour. Il allait falloir rester Zen et mûrir un peu.

Finis les enfantillages, il nous fallait quitter les sentiers battus et aller débusquer l’Oulibouniche dans sa tanière. Après le vélo, il était temps de passer aux choses sérieuses. Et la moins puérile, quoique, nous parut être le 4×4. Cette fois, ça ne plaisantait plus. Direction la réserve animalière de Kaudulla. Chaud devant… les chasseurs d’Oulibouniche étaient de sortie !
Perchés à l’arrière de la jeep, nous croisâmes des buffles et leurs bufflonnes (et oui Gaëlle), des paons et, fort heureusement pour notre appareil photo, ce vieux solitaire qui clopinait de son mieux, traînant la patte comme la marque d’une bravoure passée ou d’un stupide accident de parcours peu glorieux (je vous laisse le choix ; et oui c’est ça les nouveaux récits interactifs). Après cette reconnaissance chaotique du territoire et de sa faune sauvage (oui, c’est ce qu’on dit généralement), nous avançâmes vers le point d’eau et la fin de journée. Le temps ayant effectué son œuvre, nous approchions de l’heure où les grands fauves vont boire alors pensez donc, pourquoi pas notre Oulibouniche ?
Cette idée nous avait mis en joie. L’espoir était à son comble. L’Oulibouniche allait sortir pour boire, c’était sûr. Et bien que nenni. Le cerbère de la réserve en la personne de notre vieux solitaire déglingué semblait faire barrage à la faune qui, tapie dans les bosquets, à n’en point douter, n’attendait que son signal pour jaillir et se précipiter sur le point d’eau. Sa prise de trompe avec un jeune n’en était qu’une pâle illustration.

Puisqu’il en était ainsi, il fallait faire fissa et rentrer dare-dare à l’hôtel si nous ne voulions pas rater la « Lion » beer du soir et le coucher de soleil en terrasse. Demain serait un autre jour et l’Oulibouniche ne perdait rien pour attendre.

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